[631 - Cinquième mois] Cambriolage au manoir !

Il rentra très tard ce soir là, plus tard que d'habitude car il avait eu maille à partir avec un artisan qui exigeait une petite fortune pour remettre en place un pan de toiture et quelques bouts de zinc. Fichue pluie, fichu climat.

Il ne remarqua rien tout d'abord. Les gardes de faction étaient présents et saluèrent leur maître qui leur adressa un signe amical. Il était fatigué, avait faim et hâte de retrouver celle qu'il aime. Çà serait chose faite dès le lendemain : une fois reposé et bien nourri il repartirai vers Cabestan retrouver sa dulcinée qui tâchait de se détendre après le petit accident qui lui était arrivé. Rien de bien important avait affirmé la soigneuse. Il suffisait qu'elle reste allongée quelques jours et tout reprendrait son cours normal, l'alerte ne serait qu'un mauvais souvenir sans gravité.

Mais... par les dents du Serpent... belle frayeur.

Et puis sous ses pas, du verre brisé. Il prit enfin conscience de la fraîcheur de la pièce que sa cape gorgée de pluie avait masquée. Ce débarras au rez-de-chaussée était l'endroit qu'il s'était attribué pour, plus tard, ranger un peu de matériel qu'il rapatrierait de Cabestan. Pour l'heure les lieux étaient vides et il s'en servait uniquement pour déposer ses affaires de voyage. Sans attendre il invoqua les puissances infernales pour se protéger dans un flou de Néant, puis remarqua le carreau d'abord cassé, puis ensuite soigneusement délogé.

Il manquait un barreau !

Ce défaut laissait largement la place à un enfant de se glisser dans les murs et sa première idée fut de convoquer Silly sur le champ. Mais le verre était à l'intérieur, et jamais la petite n'aurait eu besoin de s'introduire en douce. Ce qui était sûr, par contre, c'est que la fenêtre ouvrait sur une pièce qui, elle-même, donnait sur un couloir de service dont la porte à clenche pouvait être ouverte de l'intérieur avec une facilité dérisoire.

Il la manœuvra prudemment ; Mais ces précautions étaient bien inutiles car au dehors la rue était déserte d'un bout à l'autre. Le barreau gisait au bas du mur. Il referma et prit note de demander au forgeron de créer un cadenas au minimum.

Puis vint l'heure de l'état des lieux. Et là... le constat était triste. Les bureaux et les chambres importantes avaient été vidées de leur contenu du sol au plafond y compris le mobilier. Leur suite ressemblait à... rien. Seul le lit à baldaquin et les immenses bibliothèques étaient restés en place, intransportables, mais tous les livres précieux, le secrétaire, la coiffeuse, les miroirs, les cadres, les documents... tout avait été embarqué.

Sans nourrir de réel espoir il ouvrit la porte de la petite antichambre dans laquelle sa bien-aimée conservait robes, mousselines, chemisiers et accessoires en quantités abracadabrantes. Là encore... tout avait disparu.

Il soupira. Fichu pays.

Tirant sur la cloche il fait monter immédiatement le chambellan en lui ordonnant de fournir séance tenante à la garde un inventaire aussi exhaustif que possible des biens subtilisés et d'aller déposer à la garde une plainte en bonne et due forme qu'il irait contresigner le lendemain matin.

Le temps d'établir cet inventaire, de rassembler factures et descriptifs de tout ce qui pouvait avoir de la valeur et qui, fort heureusement, était situé dans une aile trop éloignée de la maison et le matin arrivait. Accablé de fatigue il s'écroula sur le lit refait et sombra dans un profond sommeil. Il serait bien temps de lui annoncer la nouvelle... plus tard.

La garde œuvrait, mais ne retrouvait les objets volés qu'au compte-gouttes et la vie, elle, n'attend pas. Et puis... même s'il n'avait pas été tant occupé à courir de bibliothèque en fondation, d'expert en artisan à la recherche d'informations concernant ces cristaux qu'ils avaient récupérés en Azshara, le démoniste aurait probablement pu assister son aimée dans son travail pour retrouver les éléments nécessaires à l'exercice de son art au sein de leurs rangs combattants.

Mais rien : il ne trouvait rien. A croire que la prophétie n'était que vent et fumée si les cristaux n'étaient pas dans les coffres de l'Ordre. La description et les croquis en couleur qu'il en avait établis étaient pourtant très reconnaissables et il avait, à l'aide de professionnels, affiné sa description de sorte qu'ils sachent très bien ce qu'il y avait lieu d'imaginer, mais ne reliaient ça à rien d'existant.

Merika évoquait une arme. D'où tenait-elle donc cette information et qu'est-ce que celà signifiait ? Elle avait été laconique, pour ne pas dire secrète. Il s'interrogeait également sur la signification de tout ceci, s'il ne s'agissait pas d'une vaste manipulation comme Laena le soupçonnait depuis le départ. Le brutal changement de ton des messages et l'histoire de double-missive à destination de l'Ordre ne lui disait rien de bon, vraiment rien. Est-ce qu'on les testait ? Est-qu'on les menait par le bout du nez pour les mettre dans les conditions de se faire piéger ?

Il en avait appris long sur les cristaux malgré tout, et son voyage à Un'Goro avait été bien utile. Leur principale qualité était dans leur dureté et leur résonance très précise qui en faisaient des réceptacles très fiables pour toutes sortes de magies, ce qui expliquait qu'on les sertisse fréquemment dans les armes et les armures de grande valeur.

Et Merika évoquait une arme...

Laquelle ? Pourquoi ? Qui pouvait bien être ce joyeux "bienfaiteur" ? Pourquoi, après avoir fait usage de prophéties obscures, voire ésotériques, offrait-il dorénavant des textes apparemment limpides mais doubles ? Voulait-il diviser les forces ?

Vraiment trop d'inconnues. Tout ceci ne lui disait rien de bon. Ils avançaient en aveugles comme un seul homme sans rien connaître du terrain qu'on leur avait préparé.

Arrivé au bout de ses investigations, ou tout du moins à une étape où le gain n'était plus suffisant relativement au temps passé, il rassembla ce qu'il pouvait de documentation concernant Pennelune.

Ces recherches là furent plus faciles. On le dirigea vers la ligue des Explorateurs où il put consulter librement des recueils intéressants dont une part non négligeable avait été mise à jour récemment par la "guilde des cartographes".

Il comprit bien vite que le Bastion de Pennelune (eng: Feathermoon Stronghold) est l'île-forteresse kaldorei sur la côte ouest de Feralas, le grand quartier général des Sentinelles. On y trouve une station d'hippogryphe accessible par Auberdine et Thalanaar. Le Bastion fut établi par le Général Shandris Pennelune, bras droit de Tyrande Murmevent depuis dix mille ans chez les Sentinelles.

C'est également la ville où l'on peut trouver le Maître Alchimiste de l'Alliance, Kylanna Murmure-du-vent et Pratt McGrubben, le donneur de quête de l'Alliance pour Travailleurs du cuir : Cuir sauvage.

Nom d'un chien des enfers... Dix mille ans... Il en venait à se demander comment Elfes et Humains arrivaient à communiquer en ayant des bases culturelles et temporelles si différentes. Les humains devaient leur paraitre... des éphémères excités. Il en venait presque à comprendre Shelyak et son irritation permettant vis-à-vis de ces moustiques humains qu'ils devaient être à ses yeux de félin.

Quant à cette Shandris... Depuis la première guerre contre les démons, Shandris serait une proche de Tyrande et une prêtresse d'Elune devenue générale de l'armée des Sentinelles. Avait-elle croisé les arrières-arrières-arrières-arrières-arrières-... arrières-grand-parents du démoniste ? Probablement pas.

Quelques rapports évoquaient également la présence de nagas sur les plages occidentales et méridionales.


Azshara... Pennelune... Une main bien-née se dessinait lentement.


Et puis, au détour d'un chapitre, quelques mots dans une langue érudite attirèrent son attention : "Feralas is the location of one of the four Great Trees leading to the Emerald Dream and guarded by the four Emerald Dragons. The three others are in Ashenvale, Duskwood, and the Hinterlands." Il retranscrit cette nouvelle information dans ses notes, sans grande conviction avant de tout confier à sa succube pour une recopie intégrale qui irait se ranger dans son coffre personnel. Ne restait plus qu'à joindre sa Myst pour lui raconter tout ça.



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