La Lumière Aveugle
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Message  Mystiruis Ven 24 Juil 2009 - 12:04

Naphrat était en retard et n'aimait pas du tout ça. Heureusement la Khâdin ne semblait pas lui en tenir rigueur mais elle pressa tout de même son griffon dans une tentative désespérée de la rattraper ; elle avait beaucoup trop de retard. Maigre compensation : son armure était parfaite. Le dernier sertissage, assuré par un artisan de l'Ordre, resplendissait, mêlant sa magie de combat aux subtils entrelacs de fluides arcaniques qui l'enveloppaient de toutes parts, augmentant ses qualités défensives autant qu'offensives. Avec cet attirail gagné de haute lutte contre les forces des Ténèbres, elle se sentait vraiment plus sûre d'elle pour protéger dame Mystiruis. La prêtresse représentait l'Ordre ce soir auprès des autorités d'Austrivage et plus particulièrement de ceux qui les défendaient : les Rédempteurs de Lordaeron.

Rapidement elle fut introduite sur place. Il y avait là beaucoup de personnel des autorités officiels d'Austrivage, quelques étrangers de passage, quelques autochtones mais surtout beaucoup de membres de la Rédemption. Elle repéra la Khâdin. Cette dernière formait, avec d'autres, presque tous rédempteurs, un large cercle autour d'une femme enceinte qu'elle reconnut bien vite comme étant dame Fanélia, celle qui avait fait un malaise dans le Palais des Jugements à la suite des émeutes fomentées par Purification. La combattante se déplaça derrière la Khâdin et observa chacun en assumant son rôle de garde du corps. Le Sénéchal Idrid orchestrait une sorte de rituel dont elle comprit bien vite qu'il était destiné à rassembler autant d'énergie votive que possible au service d'une druidesse kaldorei, laquelle semblait capable de puiser dans cette réserve pour nourrir un sortilège. Elle s'interrogeait encore sur la nature de ce dernier quand elle fut subitement invitée par le Sénéchal lui-même à intégrer le cercle. Cette initiative ne lui plaisait pas du tout ! Elle hésita, cherchant du regard l'appui de dame Mystiruis pour refuser poliment, mais celle-ci approuva entièrement la proposition d'Idrid. Elle se défit de son casque, baissa sa capuche, retira ses gants de mailles et fut promptement intégrée dans le cercle.

Même si la grande majorité portait le tabard de la Rédemption ils étaient très différents. Chacun, à son tour, évoqua un sourire heureux. Sa voisine évoqua un bal qu'elle avait passé à échanger de la bonne humeur et des rires avec son maître d'armes. Elle la soupçonnait d'avoir nourri d'autres sentiments envers ce maître pour que le souvenir en soit si puissant, mais qu'importe. L'essentiel était que cette évocation permette à chacun d'y puiser des sources de pensées positives qui nourrirait le rituel. Naphrat sourit et se laissa gagner doucement par la magie de l'instant... jusqu'à ce que soudain elle perçoive dans un coin de son esprit la noirceur rampante. Elle rôdait, vile, sournoise, se tapissait, cherchait une faille dans son âme de façon presque palpable. Naphrat fut stupéfaite de réaliser que l'origine de ce Mal était lovée dans le ventre de la future mère et réalisa que le rituel n'était pas autre chose qu'un désenvoutement.

Et puis ce fut son tour de parler, et elle sentit monter une forme de trac qui rendait son esprit incapable d'isoler un souvenir heureux. Une image, enfin, monta à son esprit mais elle le refoula aussitôt : trop intime. Les moments de bonheur conjugual ne lui semblaient pas vraiment avoir leur place en public. Elle chercha autre chose. Le bonheur d'avoir été accepté par l'Ordre Ancien ? C'en était un, vraiment, mais elle craignait que ça passe pour de la propagande totalement déplacée. Par la Lumière... les souvenirs de sa vie d'avant, pour le peu qu'elle en avait, étaient tellement émoussés qu'ils en demeuraient froids, comme un gnomaroïd dont les couleurs auraient passées. Le seul vrai moment où elle avait éprouvé, l'espace d'un battement de coeur, une joie presque violente et pure, c'était quand elle avait été frappée, dans son âme comme dans sa chair, par la Lumière que le haut-seigneur Darion Morgraine avait su jeter à la figure de son ancien maître dont elle refusait même à en exprimer le nom, ne serait-ce qu'en pensée. Elle inspira à fond, cherchant en elle l'aplomb qui lui manquait... et tâcha d'exprimer l'émotion qu'elle avait ressenti à cet instant, comme son coeur avait bondi, comme elle avait cru respirer enfin, asphyxiée depuis... si longtemps qu'elle avait failli en perdre la mémoire.

- "...j'ai cru revivre... j'ai senti à nouveau la chaleur du soleil, j'ai vu l'herbe et... j'ai réalisé que le monde avait des couleurs que j'avais oubliées... j'ai vu... des nuages. Il y avait de beaux nuages blancs et des oiseaux de montagne. Je suis née une deuxième fois ce jour là."

Elle l'avait dit avec ses mots à elle, maladroits sans doute, mais sans balbutier. Elle céda la parole au suivant.

Qu'il était bon de repenser à ces instants. Mais à peine sa tension se relâcha-t-elle qu'un nouvel assaut s'insinua dans son esprit. Du Mal à l'état pur semblait suinter dans son âme comme s'il voulait la digérer, absorber dans sa noirceur l'étincelle de bonheur qu'elle avait su faire éclore, la broyer...
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Message  Mystiruis Ven 24 Juil 2009 - 12:05

La lutte intérieure qui s'en suivit dura bien une heure, une heure terrible pendant laquelle les moments d'espoir alternaient avec la pire noirceur, le doute avec la Foi dans une lutte sans merci qui rendait Naphrat terriblement nerveuse. Les paroles d'espoir des uns et des autres se noyaient dans les brumes d'un atroce affrontement. La lutte implacable se poursuivait sans relâche sous la houlette de la druidesse et du sénéchal, étrangement insensible à tout ce fracas. Sans doute la druidesse l'épargnait-elle car son rôle de maître de cérémonie nécessitait la plus grande lucidité.

La servante de l'Ordre se sentait vaciller. La lutte intérieure mobilisait son énergie. Son coeur s'emballait sans raison, sa respiration se faisait courte. Elle était en sueur sans avoir fait le moindre effort. Elle se força à respirer calmement. Sa capuche glissa un instant, risquant de dévoiler ce visage qu'elle refusait de révéler. Elle la remit en place d'un geste nerveux et, soutenue par les mots encourageant de Mystiruis, s'obligea à se concentrer sur les images que les uns et les autres évoquaient. Les mots du Kaldoreï qui jouxtait la Khâdin évoquaient une scène dans laquelle intervenait dame Fanélia elle-même ; l'intervenant suivant retranscrit avec ses mots une sorte de scène de retrouvailles assez insolite, évoquant une relation paternelle sincère avec une créature étrange. D'autres encore parlèrent chacun à leur tour. C'était émouvant mais ces étincelles de bonheur se perdaient dans l'atroce océan de turpitudes que la malédiction avait mobilisée, dénaturant les évocations pour en arracher les couleurs. Elle était haine, rancoeur, jalousie. Elle était envie, frustration, violence et colère. Naphrat se sentait bouchon de liège sur la mer déchaînée de ces sentiments exacerbés qui se mêlaient inextricablement en lacérant son âme.

Et puis le calme revint.

Le sortilège cédait.

La druidesse allait détruire le Mal dont la malédiction avait fait son nid. C'est à cet instant que Naphrat frémit d'horreur, prise d'un horrible doute : Si la druidesse anéantissait le Mal, alors elle anéantirait aussi le Bien qui était dans cet être en devenir et détruirait inévitablement son équilibre naturel. Il ne fallait pas qu'elle se substitue à la Lumière, qu'elle éradique l'Ombre au point de la dénaturer ! Le doute s'immisçait, implacable, pernicieux. Ce qu'ils faisaient était-il juste ? Ne risquaient-ils pas d'appliquer un remède pire que le mal ? Arthas, champion des paladins, exemple pour les croyants, n'avait-il pas basculé vers la pire noirceur en tentant d'aller trop loin dans sa lutte contre les ombres ? Qui savait ? Qui pouvait savoir ?

Soudain tout s'arrêta. L'ombre reflua dans un grondement d'outre-monde, comme si elle s'écroulait sur elle-même. D'ultimes visions tentèrent de faire leur chemin dans l'esprit de Naphrat mais elle les repoussa avec une relative facilité tant elles étaient grossières, presque caricaturales. C'était un chant du cygne, un baroud d'honneur d'un ensorcellement malicieux qui jetait ses dernières forces dans une bataille qu'il savait perdue. Le calme revint. Les battements de cœur de la croyante se calmèrent lentement jusqu'à ce qu'enfin Idrid prononce les mots de conclusion.

Le rituel était achevé. La victoire était acquise.

Un tremblement rétrospectif secoua la jeune femme. Elle le réprima et enfonça de nouveaux ses doigts dans ses gants. Elle avait besoin d'air frais et accueillit avec plaisir l'initiative de dame Mystiruis qui saluait les Rédempteurs et réaffirmait l'amitié de l'Ordre de la Lumière Aveugle envers la troupe de combattants d'Austrivage dont nombre d'entre eux étaient de bons croyants. A l'extérieur la lumière avait baissé. La nuit venait de tomber. L'air marin baignait les rues encore très animées de ses exhalaisons iodées. Le tumulte mit de longues secondes à faire son chemin dans l'esprit de la combattante : Il y avait dans l'air une tension palpable dont elle prit conscience tardivement.

La Garde de Hurlevent était là, pliant bagage dans une humeur massacrante. La colonel Hëdwe semblait très irritée d'avoir attendu si longtemps que le sénéchal accepte de se livrer conformément à ses engagements. Pourtant Naphrat venait de l'entendre saluer son épouse qui, en retour, l'avait rassuré et promis de le visiter très régulièrement. Ils s'étaient embrassé après qu'il ait réaffirmé à ses hommes qu'il se soumettait à la décision de Justice. Aussi... pourquoi ? La Khâdin hocha la tête en silence devant le regard désorienté de sa garde du corps. Elle jaugea la situation rapidement, évaluant les implications et les conséquences, puis choisit de prendre l'initiative. La Lumière Aveugle ne pouvait pas témoigner passivement à cette nouvelle incompréhension. Il fallait une médiation immédiate : Pendant que Mystiruis parlerait à Idrid, Naphrat devrait convaincre la colonel de la réalité de la soumission du sénéchal. Elle sauta en selle pour rattraper les Gardes qui s'éloignaient déjà vers les hauteurs de la cité pour prendre leur vol.

Usant d'autant de diplomatie qu'elle en était capable, elle obtint un court délai supplémentaire. La colonel Marteau-Hardi était en colère, mais lui accorda le temps que les griffons soient en ordre de vol, ultime chance pour que les choses s'arrangent. L'œuvre d'entremise était risquée mais la bonne volonté du Sénéchal permit que les circonstances s'enchaînent sans heurt supplémentaire. Il se présenta à pied, saluant les habitants qui contemplaient la scène dans un silence pesant, éprouvant visiblement des sentiments partagés. Naphrat n'était pas particulièrement fière, quand bien même elle ignorait tout des dessous de l'affaire, et jetait au sénéchal des regards ennuyés. Il restait digne, gardant difficilement pour lui une certaine tristesse qui ne se trahissait que dans la lassitude de ses gestes. Suivi de ses plus proches lieutenants et de son épouse, il rejoignit enfin les Gardes, et leur confirma sa soumission.

La colonel lui autorisa quelques minutes supplémentaires pour saluer une dernière fois ses hommes. Une altercation faillit de nouveau survenir quand les Gardes, excédés tant par l'attente que par les insultes subies, manifestèrent leur mécontentement. Mais Idrid, geste d'apaisement et de bonne volonté, prit immédiatement les mesures qui s'imposaient pour obtenir l'apaisement. Le coupable fut puni sans délai et jeté au cachot tandis que le sénéchal transmettait officiellement sa fonction à son épouse qui devenait sénéchale régente en attendant que son époux ait purgé sa peine.

Les griffons réservés s'élancèrent dans le ciel noir pour un long vol de nuit à destination de Hurlevent. A Austrivage l'humeur était morose car l'ennemi, lui, restait tapi dans l'ombre.
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