La Lumière Aveugle
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Message  Tsion'hebb Mer 17 Déc 2008 - 11:05

D'une démarche lourde de pluie, la jeune femme s'engagea dans la contre-allée, anonyme, discrète. Elle longea quelques temps l'immense nef de la cathédrale avant d'aborder un jeune clerc sans se défaire de la large capuche sous laquelle elle dissimulait ses traits, ne révélant qu'un menton fin et une bouche délicate, n'était-ce ses lèvres barrées d'une fine cicatrice.

- "L'abbé Larn est-il ici ?"

Le clerc fut surpris, il était affairé à lire un livre de prière et sursauta quelque peu. Il observa un peu la jeune femme, fronçant les sourcils et pinçant les lèvres, désapprobateur.

- "Hmm.. pourquoi çà ne m'étonne pas hein?"

Il avait l'air un peu condescendant lorsqu'il désigna la bibliothèque.

"Il est encore à étudier l'ombre, comme d'habitude! Vous le trouverez là"

Puis sans attendre, il la planta là, se retranchant dans une autre allée de ses pas silencieux.


Elle pencha la tête, étonnée de cette réaction et un peu plus mal à l'aise si c'était possible. Toute cette ambiance lui procurait des sensations étranges de familiarité et d'oppression tout à la fois, mélange ambivalent, rassurant et inquiétant qu'elle ne savait pas définir. Et puis... même si ces réactions de rejet étaient courantes, elle les prenait toujours mal, comme une intime souffrance.

En haussant les épaules, elle chassa ses doutes, se réfugiant dans des schémas de pensée coulés dans le bronze. Elle avait un but, un chemin, et se devait de progresser en oubliant ses états d'âme. Elle était experte de cet exercice, relique d'un temps passé encore douloureux comme cette cicatrice qui la lançait chaque fois que le temps changeait.

C'est donc d'un pas décidé qu'elle s'engagea dans les couloirs voutés dont les ombres semblaient vouloir l'avaler. Des torchères jetaient de loin en loin des flaques de lumière dansante jusqu'à ce qu'elle arrive devant une lourde porte de chêne bardée de métal noir. Là, étouffant dans sa houppelande le cliquetis de sa chemise de mailles, elle glissa à l'intérieur, clignant des yeux dans l'ambiance studieuse où les innombrables candélabres rivalisaient avec les hautes fenêtres pour inonder de lumière les immenses tables de travail.

Copistes et étudiants œuvraient, penchés sur leurs grimoires ou leurs vélins précieux. Leurs plumes habiles à tracer pleines et déliées inspiraient le respect. Le regard de la jeune femme balaya l'espace, à la recherche d'une silhouette connue.

La tête du grand rouquin se voyait comme un phare dans la nuit. Près d'une étagère, il lui tournait le dos, le bras tendu pour remettre un lourd bouquin en place et en prendre un autre. Pour une fois, il n'était pas robe, mais portait pantalon et chemise, le mettant, sans qu'il ne s'en rendre vraiment compte, en valeur. Ses muscles se dessinaient et contrastaient largement avec les silhouettes fines qui l'entouraient. Il attrapa enfin l'autre livre qui l'intéressait et le feuilleta à la recherche de quelque chose de précis. Absorbé, il le posa sur sa table de travail où une autre multitude d'autres livres étaient entassés, ouverts, des notes partout.

Elle hésita un instant à s'approcher, se reprochant intérieurement de venir troubler le travail de cet homme étrange. Sa chevelure flamboyante, son allure athlétique, tout en lui semblait fait de contraste, et sans doute entrait-elle bien dans ce tableau si elle venait le rencontrer ici au mépris peut-être des règles qui régissaient la vie de cette société à part entière. La situation l'amusait un peu, la gênait aussi, mais elle s'avança néanmoins de sorte à entrer dans son champ de vision puis repoussa son manteau sombre encore perlé de pluie pour récupérer au fond de sa besace le présent qu'elle avait fait emballer pour lui.

Alors qu'il relevait un instant le nez de ses notes somme toutes étranges si on y regardait de plus près, un sourire ravi se dessina sur ses lèvres charnues. Un sourire séducteur? Peut être... si ce n'était le contexte de l'abbaye on aurait pu facilement le croire. Son regard se porta un instant sur le paquet emballé et il fit le tour de la table avant de parler, d'une voix basse, chuchotant pour ne pas déranger le reste des étudiants.

- "Bienvenue dans mon monde ma dame, c'est un plaisir de recevoir votre visite"

Il avait posé sa main large sur son bras et s'était un peu penché vers elle pour plus de discrétion.


Il avait touché juste : elle était dans son monde à lui, pas dans le sien. D'ailleurs, en avait-elle un ? Son monde à elle s'arrêtait à son frère et à son arme, sa monture et les rares biens qu'elle possédait, l'ensemble tenant facilement dans les fontes de sa selle. En vérité elle n'était pas grand chose, aussi le sourire avenant de cet homme de foi lui fit-il chaud au cœur. Il l'acceptait avec ses différences, d'emblée, sans chercher à savoir plus que ce qu'elle voudrait bien lui dire, elle se sentait à l'aise avec lui.

Néanmoins elle recula d'un demi-pas, soucieuse de ne pas attirer sur eux les regards désapprobateurs, assez pour s'extraire avec délicatesse de cette main qui s'avançait, et lui tendit le paquet emballé dans un joli papier bleu aux reflets chatoyants.

- "Tenez. C'est pour vous. Pour... vous remercier."

Sa voix n'était pas très assurée mais son sourire, bien qu'hésitant, semblait sincère, seul élément discernable de son visage rongé d'ombre et qu'elle prenait garde à conserver indiscernable. Larn pris le paquet tendu avec un sourire de remerciement, un peu étonné toutefois, pour lui il n'y avait pas de quoi être remercié de la sorte. Mais cela lui faisait plaisir qu'elle pense à lui.

- "Venez avec moi, sortons de cet endroit trop austère qu'il en devient écrasant, je le sais bien."

Puis, doux, il l'entraina, après avoir récupéré une houppelande chaude et assez riche, à travers les couloirs, puis la nef principale, faisant taire les questions dans le regard de ceux qu'il croisait avec un simple froncement de sourcils. Enfin, ils débouchèrent à la lumière du soleil de ce début d'après-midi d'hiver. Enfilant son manteau, il continua le chemin jusqu'à un des bancs du parvis et invita Ziel à s'y asseoir.
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Message  Tsion'hebb Mer 17 Déc 2008 - 13:32

Elle s'étonnait de ses propres réactions : de l'impatience !

Que c'était... une émotion riche et contradictoire. Elle ne l'avait plus éprouvée depuis si longtemps qu'il lui semblait avoir à faire à une graine à protéger, un souvenir presque effacé qu'elle devait étayer de ce moment agréable. Oui... oui elle se souvenait du sens du mot impatience tandis qu'il tournait le paquet dans ses mains.

Enfin il retira l'emballage, avec une délicatesse étonnante, pour extraire un joli petit écritoire de bois exotique noir souligné de traits d'or. Le couvercle coulissait comme une règle et un anneau permettait de le verrouiller et, dans le même temps, de l'assujettir à une chaînette pour l'emporter en voyage.

A l'autre bout du banc, Zielnaphrat tâchait de ne pas perdre une miette des expressions de l'ecclésiastique, s'en nourrissait avec une avidité qui l'aurait fait passer pour un monstre fou à qui aurait eu le loisir de lire ses affects. Elle le dévorait des yeux, de ses yeux à la lueur nécromantique, relique d'un temps passé, qu'elle continuait de masquer de son mieux. Puis soudain elle se redressa, saisie de l'idée qu'elle pourrait paraitre grossière ou inquiétante à dévisager ainsi cet homme.

- "Ce n'est pas grand chose mais... j'ai... euh... j'espère que ça vous sera utile. J'ai vu que vous n'en aviez pas. Ou alors je ne l'ai pas vu. Enfin... voilà."

Elle se sentait d'une stupidité crasse, d'une idiotie à la limite de la bêtise qui lui fichait une honte désolante. Qu'est-ce qu'elle fichait ici ? Ah si son frère la voyait, il se moquerait bien de sa Ziel, et il n'aurait sans doute pas tort. Elle était simplement ridicule et se leva presque brutalement.

En ouvrant délicatement le papier, sans le déchirer, contraste saisissant entre ses mains larges et la délicatesse dont il faisait preuve, Larn souriait. Il passa longuement ses doigts caleux sur le bois vernis, traçant les lignes de dorures jusqu'à l'anneau. Il le soupesa, appréciant la légèreté de l'ensemble. Il essayait de se contenir, de ne pas montrer une joie extravagante à ce présent délicat, preuve qu'elle tournait ses pensées vers lui et qu'elle faisait attention à ce qu'il faisait ou pas.

- "Merci Zielnaphrat, c'est un très beau présent, fort utile et qui me touche beaucoup."

Sa voix chaude coulait comme de l'eau, il était sincère et plein de douceur. Il se rappelait son premier cadeau, une épée que son père lui avait mise entre les mains dès l'âge de sept ans. A l'époque, le petit garçon qu'il était avait été tout fier, mais cet écritoire rendait cela très lointain. Doucement, il lui attrapa la main pour ne pas qu'elle s'enfuit, il avait bien sentit sa gêne, son envie de partir précipitamment comme si elle avait honte. "Je vous en prie, restez..."


Elle contempla un moment sa main prise dans la sienne, repoussant la dizaine de techniques qui lui assaillaient l'esprit dans le but de s'en dégager. Elle ne savait pas si elle en avait envie et cette lutte intérieure la rendait fébrile. Sous sa capuche, Zielnaphrat se sentait paniquer inexorablement, cependant qu'une part d'elle-même se riait de ses manières futiles, de sa façon d'hésiter, d'être une potiche sans cervelle, une gamine décérébrée rendue débile par des riens insignifiants. Elle tira un peu comme pour retirer sa main sans lutte mais ne put s'y résoudre totalement, crochetant les doigts du prêtre du bout des siens, l'esprit déchiré de sentiments contradictoires dont cet homme était la source intarissable. Elle se sentit un instant vaciller sous ce tourbillon pourtant bien léger, et glisser une main sous sa capuche, massant son front pâle de ses doigts gantés de noir.

- "Je ne vais pas pouvoir rester longtemps..."

Rester ? Partir ? Akhy allait s'impatienter, voire s'inquiéter. Ils n'aimaient pas être séparés longtemps : ça les faisait souffrir. Pourtant elle savourait cet espace de liberté, ou plus exactement cet espace de découverte que lui offrait l'abbé, car son frère était tout sauf une prison, lui qui avait veillé sur elle depuis tant de semaines que leur esprits en avaient perdu le décompte dans les méandres de la pensée du Roi-Liche, inexorablement brûlés par les affres de rites nécromantiques abrutissants qui les laissaient non seulement exsangues mais aussi dépersonnalisés. Et elle avait veillé sur lui en retour. Elle inspira à fond, retrouvant une certaine contenance, et libéra enfin leurs mains tout en replaçant sa capuche correctement.

Une bruine légère, annonciatrice de pluie, recommençait à tomber.

- "Restez juste le temps nécessaire alors."

Toujours aussi doux, il laissa la main partir, bien qu'à contre-cœur. Cette main de femme lui rappelait bien des choses, des souvenirs enfouis au plus profond de son être, cet amour perdu qui lui avait déchiré le cœur, peut être la seule vraie raison de son revirement en prêtre, ou peut être pas, il n'avait jamais vraiment bien su. Non pas qu'il était resté sans aventures tout ce temps, il avait eu des conquêtes... d'un soir. Toujours tendre et aimant, il ne laissait pas son cœur pour autant tomber amoureux et mettait vite fin à ces passions charnelles. C'est entre autre pour çà que ses "frères" à la cathédrale le regardaient d'un œil noir, peut être plus que le fait qu'il essayait d'étudier l'ombre, les méandres de cet aspect, de ce contraire de la lumière l'attirait et le révulsait à la fois. Il lui fallait l'étudier, c'était comme.. un besoin. Mais là, cette jeune femme venait le bousculer de plein fouet. Bien sûr il aidait toujours les âmes égarées, bien sûr il était pour sauver ces chevaliers perdus. Mais Zielnaphrat lui parlait au cœur, sa fragilité sous-jacente le faisait vibrer et anéantissait ce qu'il avait mis en place depuis tant d'années. Et lui, pauvre hère, s'y jetait sans lutter, il ne le voulait pas, tant pis si le mal d'amour revenait, il était près à risquer çà pour elle.

Les premières gouttes de pluie le ramenèrent à la réalité, il rabattit sa capuche, enfonçant son visage dans la pénombre comme elle le faisait elle et lui sourit en rangeant soigneusement l'écritoire pour qu'il ne prenne pas l'eau.

- "Soyez sûre, chère Ziel, que je vais en prendre grand soin. Il m'est déjà fort utile puisqu'il me rapproche de vous, dame"


Une foule de questions se bousculaient dans la tête de la jeune femme. Elles se pressaient néanmoins dans un tel désordre, une telle cohue, qu'aucune n'était capable de s'imposer et de franchir la barrière de ses lèvres blessées. Le temps nécessaire pour quoi ? Et... que signifiaient ces regards dans la nef ? S'imaginait-on que... ? Pourquoi semblait-il si affecté ? Que lui évoquait-elle ? Elle se sentait incapable d'une réaction intelligente et se fit brutale, à son corps défendant, se morigénant l'instant d'après de tant de froideur qu'elle jugeait elle-même absolument glaciale et pas du tout conforme à la convivialité qu'elle éprouvait en compagnie de cet homme en qui elle voulait voir un ami, qui lui inspirait... confiance ? Un nouveau mot sur lequel elle mettait un sens trop longtemps oublié.

- "C'est gentil. A bientôt."

La démarche trop raide, elle se retourna et s'éloigna dans un cliquetis de mailles étouffé par la profondeur de ses vêtements épais. Elle en était consciente... et s'en trouvait tout à la fois mortifiée et soulagée. Elle s'arrêta au coin de la rue, la nuque frissonnante du poids d'un regard qu'elle croyait deviner. Elle chassa cette pensée parasite et disparut à l'angle : Elle devait retrouver son frère.
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